Grève des médecins en Belgique : conséquences et dangers pour les patients

Pour la première fois depuis près de 25 ans, les médecins belges se mettront en grève le 7 juillet 2025 pour protester contre les projets de réforme du ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit). Le syndicat des médecins BVAS-ABSyM, qui a annoncé la grève, estime que la loi-cadre proposée menace la qualité des soins et l’autonomie des médecins. Bien que les grèves de médecins soient rares – la dernière a eu lieu en 2001 – elles présentent des risques importants pour les patients et le système de santé. Business AM souligne les conséquences et les dangers potentiels de cette action, notamment pour la sécurité des patients.

Contexte de la grève

Les tensions sont vives entre les médecins et le ministre Vandenbroucke au sujet de ses projets de réforme qui, selon la BVAS-ABSyM, tendent vers une « médecine d’État » qui sape la relation libre entre le médecin et le patient. Une enquête menée auprès des médecins a montré que huit d’entre eux sur dix sont prêts à passer à l’action, ce qui souligne la profondeur du conflit. La BVAS-ABSyM appelle les médecins à fermer leurs cabinets et à annuler les consultations hospitalières le 7 juillet, une mesure drastique qui pourrait limiter considérablement l’accès aux soins.

Le Conseil national de l’Ordre des médecins souligne que la continuité des soins est une obligation déontologique et que les « services vitaux » ne doivent jamais être compromis. Néanmoins, les experts et les groupes de défense mettent en garde contre l’impact d’une grève sur les patients, en particulier compte tenu des leçons historiques de la grève des médecins de 1964, au cours de laquelle des décès ont été attribués à l’absence d’assistance médicale.

Implications pour les patients

La grève est susceptible d’entraîner :

  • Le report de soins non urgents : les consultations, les tests de diagnostic et les interventions chirurgicales prévues dans les hôpitaux peuvent être annulés. Cela affecte particulièrement les patients atteints de maladies chroniques qui nécessitent un suivi régulier, comme les diabétiques ou les patients atteints de cancer.
  • Surcharge des services d’urgence : Les cabinets de médecins généralistes étant fermés et les consultations hospitalières annulées, les patients risquent d’affluer dans les services d’urgence, ce qui pourrait entraîner de longs délais d’attente et une surcharge de travail pour le personnel. Une situation similaire s’est produite en Angleterre en 2024, lorsque les médecins en formation ont fait grève pendant six jours, ce qui a entraîné des retards de traitement et des risques accrus pour la sécurité des patients.
  • Accès limité aux soins des médecins généralistes : les médecins généralistes participant à la grève ferment leur cabinet, ce qui peut empêcher les patients souffrant d’une affection aiguë de recevoir des soins en temps utile. Cela peut conduire à l’aggravation de conditions qui sont normalement traitables avec une intervention rapide.

Dangers pour la sécurité des patients

Les risques pour les patients sont importants, en particulier pour les groupes vulnérables :

  • Diagnostics retardés : les consultations retardées peuvent signifier que des affections graves, telles que des problèmes cardiaques ou des infections, ne sont pas détectées à temps. Lors de la grève de 1964, des décès ont été signalés en raison du manque d’attention médicale, un précédent qui continue de susciter des inquiétudes.
  • Pression accrue sur les autres canaux de soins : Les patients qui n’ont pas accès à leur médecin généraliste ou à un spécialiste peuvent se tourner vers des prestataires de soins moins qualifiés ou se soigner eux-mêmes, ce qui présente des risques d’erreur de diagnostic ou de traitement.
  • Impact psychologique : l’incertitude quant à l’accès aux soins peut être source d’anxiété et de stress, en particulier chez les personnes âgées et les patients ayant des besoins médicaux complexes. La grève historique de 1964 a même eu recours à des tactiques psychologiques, telles que le déclenchement des sirènes d’ambulance, pour créer une atmosphère de crise, exacerbant ainsi l’agitation publique.

Mesures de réduction des risques

L’Association des médecins a souligné que les médecins sont tenus d’assurer les soins d’urgence. La BVAS-ABSyM a indiqué que les services vitaux tels que les soins d’urgence et les soins intensifs seront sauvegardés, mais les détails exacts de cette mesure ne sont pas encore clairs. Il est conseillé aux patients de :

  • Contacter le service d’urgence du médecin généraliste si leur médecin n’est pas disponible.
  • Appeler immédiatement le 112 en cas d’urgence.
  • Vérifier les rendez-vous prévus avec leur prestataire de soins de santé avant le 7 juillet.

Il est possible que les hôpitaux et le gouvernement travaillent sur des plans d’urgence, tels que le recours à des médecins non grévistes ou le report de procédures non urgentes, mais ces mesures n’ont pas encore été officiellement confirmées. La situation en Angleterre, où le gouvernement a repris les négociations après une grève, suggère qu’un dialogue rapide entre les médecins et le gouvernement est crucial pour éviter une nouvelle escalade.

Contexte social et politique

La grève reflète des tensions plus larges dans le système de santé belge, où les médecins craignent pour leur autonomie professionnelle et les patients pour l’accès à des soins abordables. Les réformes du ministre Vandenbroucke, qui visent à maîtriser les coûts et à opérer des changements structurels, sont considérées par les médecins comme une menace pour le libre choix du médecin et la qualité des soins. Dans le même temps, l’analyste politique Pieter Cleppe prévient que les patients aisés pourraient se tourner vers des cliniques privées ou des soins à l’étranger, laissant les citoyens les moins avisés les plus durement touchés.

Conclusion

La grève des médecins annoncée pour le 7 juillet 2025 en Belgique promet d’importantes perturbations des soins de santé, avec des risques pour la sécurité des patients en raison des retards de soins, de la surcharge des services d’urgence et des retards de diagnostic. Alors que les médecins exercent leur droit de protestation, l’Association des médecins insiste sur la nécessité d’assurer les services vitaux. Il est conseillé aux patients de se préparer à d’éventuelles interruptions et de consulter d’autres canaux de soins. Le gouvernement et les syndicats de médecins sont confrontés à une tâche urgente : désamorcer le conflit et garantir l’accès aux soins. L’histoire montre que les grèves dans le secteur de la santé peuvent laisser des traces profondes – une leçon que ni les médecins ni les décideurs politiques ne doivent ignorer.

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