Principaux renseignements
- Le Japon démarre en janvier une expérience unique pour extraire des terres rares à 5 500 mètres de profondeur.
- Le projet vise à tester les équipements, et non une exploitation commerciale.
- Cette opération doit réduire la dépendance du Japon vis-à-vis de la Chine, qui contrôle 92 pour cent de la production mondiale.
Dès janvier, le Japon mènera un test d’extraction de terres rares depuis les fonds marins, à 5 500 mètres de profondeur. L’opération sera réalisée à l’aide du navire de forage en eaux profondes Chikyu, et serait selon le pays la première du genre à une telle profondeur.
D’après Shoichi Ishii, directeur du programme gouvernemental pour l’innovation stratégique, l’objectif de la mission est avant tout technique : tester et valider les équipements. La quantité de sédiments récupérés est secondaire.
Le test aura lieu dans la zone économique exclusive autour de Minami Torishima, une île isolée de l’océan Pacifique. Cette île revêt également une importance militaire pour le Japon.
Indépendance stratégique vis-à-vis de la Chine
Ce projet s’inscrit dans une démarche plus large visant à réduire la dépendance du Japon envers les matières premières chinoises. Les terres rares sont essentielles pour les véhicules électriques, les éoliennes ou encore les missiles.
La Chine contrôle près des deux tiers de la production minière mondiale et 92 pour cent de la production raffinée de terres rares. Cette domination inquiète depuis longtemps les pays occidentaux.
Risques écologiques importants
Le Chikyu extraira environ 35 tonnes de boue sur une période de trois semaines. Chaque tonne contient en moyenne deux kilogrammes de terres rares, utilisées notamment pour les aimants puissants des appareils électroniques.
Cependant, les experts alertent sur les nombreux défis. L’extraction à de telles profondeurs est techniquement très complexe. Par ailleurs, les impacts environnementaux et les risques écologiques restent largement méconnus.
Les organisations écologistes plaident pour des analyses d’impact approfondies avant le lancement de tout projet commercial. Plusieurs institutions financières, comme Credit Suisse, Lloyds et NatWest, ont déjà adopté des directives limitant les investissements dans l’exploitation minière en eaux profondes sans évaluation environnementale complète.
Réglementation internationale en préparation
L’International Seabed Authority (ISA), chargée de réguler les activités en dehors des juridictions nationales, travaille à finaliser une réglementation d’ici 2025. Cela pourrait ouvrir la voie à une exploitation commerciale régulée dans les eaux internationales. Les groupes environnementaux restent prudents et s’inquiètent des impacts potentiels sur les écosystèmes marins et l’intégrité des fonds océaniques. (em)
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