Principaux renseignements
- Poutine prévoit de réduire les dépenses militaires au cours des trois prochaines années.
- Les entreprises russes font face à des taux d’intérêt élevés, une faible demande et des prêts coûteux. Certaines sont au bord de la faillite.
- Malgré une croissance attendue de 4,3 pour cent en 2024, la Russie lutte contre une forte inflation, une pénurie de main-d’œuvre et un déficit de personnel de près de 2,6 millions.
Le président Vladimir Poutine a annoncé que la Russie souhaite réduire ses dépenses de défense au cours des trois prochaines années. Cette décision fait suite aux projets de l’OTAN d’augmenter son budget de défense à 5 pour cent du produit intérieur brut (PIB). Poutine a décrit cette initiative de l’OTAN comme une mesure de soutien aux producteurs d’armes américains et à leur complexe militaro-industriel.
Selon lui, l’OTAN est plus provocatrice que la Russie. « Qui se prépare réellement à l’agression : nous ou eux ? », a-t-il déclaré lors d’un sommet économique à Minsk. Son annonce survient dans un contexte de préoccupations économiques croissantes au Kremlin. Le ministre russe du Développement économique, Maxim Rechetnikov, avait déjà averti que le pays était au bord de la récession. La gouverneure de la Banque centrale, Elvira Nabiullina, a quant à elle mis en garde contre un essoufflement de la croissance en raison de l’épuisement des ressources économiques.
Le monde des entreprises russe tire la sonnette d’alarme
Les dirigeants d’entreprises russes expriment également leurs inquiétudes face à la décision de Poutine. Alexander Chokhine, président de l’Union des industriels et des entrepreneurs, a souligné que certaines entreprises étaient sur le point de faire faillite. Alexeï Mordachov, principal actionnaire du producteur d’acier Severstal, a évoqué un risque réel de faillites généralisées en raison des taux d’intérêt élevés et de la baisse de la consommation.
Une croissance masquée par l’inflation et le manque de main-d’œuvre
La Russie attend une croissance économique de 4,3 pour cent en 2024, mais ce chiffre cache des problèmes sous-jacents. L’inflation s’est emballée, notamment à cause des sanctions qui ont fait flamber les prix d’importation. Les salaires augmentent plus rapidement que jamais depuis 2008, sous la pression d’une pénurie structurelle de main-d’œuvre. Cette pénurie est encore renforcée par le recrutement pour l’armée et le secteur de la défense.
Le Kremlin tente de compenser le manque de personnel avec des salaires attractifs et des primes de recrutement pour les soldats. Alors que le complexe militaro-industriel profite des investissements publics supplémentaires, le secteur privé souffre d’un endettement élevé, de coûts croissants et d’une demande en baisse.
Les vétérans cherchent leur place dans la société
Un autre défi est la réintégration des soldats qui reviennent du front en Ukraine. Parmi les près de 140 000 vétérans, environ 70 000 seraient encore sans emploi.
Pourtant, Poutine a balayé les inquiétudes économiques lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg. « Les rumeurs sur la mort de l’économie russe sont grandement exagérées », a-t-il affirmé.