Le gouvernement De Wever veut utiliser le data mining pour détecter la fraude fiscale. L’Autorité de protection des données (GBA) qualifie ce projet d’intrusion particulièrement poussée dans la vie privée.
Principaux renseignements
- La GBA considère que le projet du gouvernement De Wever d’appliquer le data mining au registre des comptes bancaires est une intrusion particulièrement importante dans la vie privée, pour laquelle il n’y a pas de nécessité.
- « Les auteurs du projet ne parviennent pas à justifier de manière adéquate la nécessité et la proportionnalité de cette mesure.
- Certains pays utilisent déjà l’exploration de données et les technologies connexes telles que l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle (IA) pour vérifier les déclarations fiscales.
Contexte : Aujourd’hui, les autorités fiscales peuvent consulter le point de contact central (PCC) de la Banque nationale en cas de soupçon de fraude. Cette base de données contient tous les soldes des comptes bancaires et des contrats d’assurance des Belges.
- Par le biais d’une loi-programme, le gouvernement De Wever souhaite à présent élargir cette base de données pour y inclure, entre autres, les soldes des comptes étrangers, des comptes titres individuels et des comptes crypto.
- Mais ce n’est pas tout. Il est également prévu qu’un groupe de « data miners », nommés par le ministre des finances, puisse utiliser le CAP pour des analyses de données anonymes. Si ce data mining indique un risque accru dans un dossier, un fonctionnaire pourra lancer une enquête.
Le gendarme de la vie privée tire à boulets rouges sur les plans du gouvernement De Wever
Dans l’actualité : L’Autorité de protection des données (GBA), l’organisme gouvernemental chargé de veiller à la protection de la vie privée, émet un avis très sévère à l’égard des projets du gouvernement fédéral. C’est ce que rapporte De Tijd.
- Selon l’autorité de protection de la vie privée, le projet d’intégrer les données de la PAC dans l’entrepôt de données du SPF Finances à des fins d’exploration et de comparaison des données constitue une atteinte particulièrement grave aux droits et libertés des personnes concernées. « Les auteurs du projet ne parviennent pas à justifier de manière adéquate la nécessité et la proportionnalité de cette mesure.
- La GBA souligne également que les garanties pour les contribuables sont en train de s’éroder. Ces garanties impliquent qu’il faut soupçonner une fraude avant de pouvoir accéder à la PAC.
- En outre, la commission de la protection de la vie privée critique le fait que les données du PAC seront copiées dans une base de données anonyme pour les chercheurs de données du SPF Finances.
Adaptation de la loi ?
Perspectives : Comment le gouvernement De Wever réagira-t-il à l’avis non contraignant du GBA ?
- Il pourrait, par exemple, modifier la loi et argumenter davantage ses choix. Selon Charlotte Lardenoit, avocate fiscaliste chez Sansen International Tax Lawyers, cela ne suffira pas.
- « Il n’y a pas de remède, par exemple, à la conclusion du GBA selon laquelle le data mining envisagé n’est pas conciliable, de par sa nature proactive, avec la finalité réactive qui caractérise la PAC », révèle-t-elle dans un commentaire à De Tijd.
- Le gouvernement peut également décider de ne pas intervenir, mais les citoyens pourraient alors avoir des arguments pour déposer des plaintes s’ils sont confrontés à un audit découlant de l’analyse des données.
Exemples d’autres pays
Noté : Certains pays utilisent déjà l’exploration de données et les technologies connexes telles que l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle (IA) pour vérifier les déclarations fiscales.
- Les autorités fiscales néerlandaises, par exemple, utilisent des modèles de sélection des risques et des analyses de données pour détecter les déclarations fiscales anormales. Bien que cela ose aussi parfois mal tourner. Pensez, par exemple, à la tristement célèbre affaire des allocations, dans laquelle des dizaines de milliers de parents ont dû payer injustement de lourdes pénalités.
- Depuis lors, le contrôle de l’utilisation des algorithmes et de la sélection des risques par les autorités fiscales a été considérablement renforcé.
- De son côté, l’administration fiscale américaine IRS met en œuvre l’IA pour lutter contre l’évasion fiscale des grandes entreprises et des personnes fortunées, en se concentrant particulièrement sur les entreprises dont les actifs sont supérieurs à 10 milliards de dollars.
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